La Quête

Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile

Telle est ma quête,
Suivre l'étoile

Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour

Aimer..

Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon coeur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux

Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile

Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
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Orly

Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
La pluie les a soudés
Semble-t-il l'un à l'autre
Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
Et je les sais qui parlent
Il doit lui dire: je t'aime
Elle doit lui dire: je t'aime
Je crois qu'ils sont en train
De ne rien se promettre
C'est deux-là sont trop maigres
Pour être malhonnêtes

Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
Et brusquement ils pleurent
Ils pleurent à gros bouillons
Tout entourésqu'ils sont
D'adipeux en sueur
Et de bouffeurs d'espoir
Qui les montrent du nez
Mais ces deux déchirés
Superbes de chagrin
Abandonnent aux chiens
L'exploir de les juger

Mais la vie ne fait pas de cadeau!
Et nom de dieu!
C'est triste Orly le dimanche
Avec ou sans Bécaud

Et maintenant ils pleurent
Je veux dire tous les deux
Tout à l'heure c'était lui
Lorsque je disais il
Tout encastrés qu'ils sont
Ils n'entendent plus rien
Que les sanglots de l'autre
Et puis infiniment
Comme deux corps qui prient
Infiniment lentement ces deux corps
Se séparent et en se séparant
Ces deux corps se déchirent
Et je vous jure qu'ils crient
Et puis ils se reprennent
Redeviennent un seul
Redeviennent le feu
Et puis se redéchirent
Se tiennent par les yeux
Et puis en reculant
Comme la mer se retire
Ils consomment l'adieu
Ils bavent quelques mots
Agitent une vague main
Et brusquement ils fuient
Fuient sans se retourner
Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier

La vie ne fait pas de cadeau!
Et nom de dieu!
C'est triste Orly le dimanche
Avec ou sans Bécaud

Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier
Et elle elle reste là
Cœur en croix bouche ouverte
Sans un cri sans un mot
Elle connaît sa mort
Elle vient de la croiser
Voilà qu'elle se retourne
Et se retourne encore
Ses bras vont jusqu'a terre
Ça y est elle a mille ans
La porte est refermée
La voilà sans lumière
Elle tourne sur elle-même
Et déjà elle sait
Qu'elle tournera toujours
Elle a perdu des hommes
Mais là elle perd l'amour
L'amour le lui a dit
Revoilà l'inutile
Elle vivra ses projets
Qui ne feront qu'attendre
La revoilà fragile
Avant que d'être à vendre
Je suis là je le suis
Je n'ose rien pour elle
Que la foule grignote
Comme un quelconque fruit
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Le prochain amour

On a beau faire, on a beau dire
Qu'un homme averti en vaut deux
On a beau faire, on a beau dire
Ça fait du bien d'être amoureux

Je sais, je sais que ce prochain amour
Sera pour moi la prochaine défaite
Je sais déjà à l'entrée de la fête
La feuille morte que sera le petit jour
Je sais, je sais, sans savoir ton prénom
Que je serai ta prochaine capture
Je sais déjà que c'est par leur murmure
Que les étangs mettent les fleuves en prison

Mais on a beau faire, on a beau dire
Qu'un homme averti en vaut deux
On a beau faire, on a beau dire
Ça fait du bien d'être amoureux

Je sais, je sais que ce prochain amour
Ne vivra pas jusqu'au prochain été
Je sais déjà que le temps des baisers
Pour deux chemins ne dure qu'un carrefour
Je sais, je sais que ce prochain amour
Sera pour moi la prochaine des guerres
Je sais déjà cette affreuse prière
Qu'il faut pleurer quand l'autre est le vainqueur

Mais on a beau faire, on a beau dire
Qu'un homme averti en vaut deux
On a beau faire, on a beau dire
Ça fait du bien d'être amoureux

Je sais, je sais que ce prochain amour
Sera pour nous de vivre un nouveau règne
Dont nous croirons tous deux porter les chaînes
Dont nous croirons que l'autre a le velours
Je sais, je sais que ma tendre faiblesse
Fera de nous des navires ennemis
Mais mon cœur sait des navires ennemis
Partant ensemble pour pêcher la tendresse

Car on a beau faire, on a beau dire
Qu'un homme averti en vaut deux
On a beau dire
Ça fait du bien d'être amoureux
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Le cheval

J'étais vraiment, j'étais bien plus heureux
Bien plus heureux avant, quand j'étais ch’val
Que je traînais, Madame, votre landau
Jolie Madame, dans les rues de Bordeaux
Mais tu as voulu que je sois ton amant
Tu as même voulu que je quitte ma jument
Je n'étais qu'un cheval oui, oui, mais tu en as profité
Par amour pour toi, je me suis déjumenté.
Et depuis toutes les nuits
Dans ton lit de satin blanc
Je regrette mon écurie
Mon écurie et ma jument

J'étais vraiment, vraiment bien plus heureux
Bien plus heureux avant, quand j'étais ch’val
Que tu t’foutais, Madame, la gueule par terre
Jolie Madame, quand tu forçais le cerf
Mais tu as voulu qu’j'apprenne les bonnes manières
Tu as voulu qu’je marche sur les pattes de derrière
Je n'étais qu'un ch’val oui, oui, mais tu m'as couillonné, hein
Par amour pour toi je me suis derrièrisé
Et depuis, toutes les nuits
Quand nous dansons le tango
Je regrette mon écurie
Mon écurie et mon galop

J'étais vraiment, vraiment bien plus heureux
Bien plus heureux avant, quand j'étais ch’val
Que je te promenais, Madame, sur mon dos
Jolie Madame, en forêt d’Fontainebleau
Mais tu as voulu que je sois ton banquier
Tu as même voulu qu’je me mette à chanter
Je n'étais qu'un ch’val oui, oui mais tu en as abusé
Par amour pour toi, je me suis variété
Et depuis toutes les nuits
Quand je chante "Ne me quitte pas"
Je regrette mon écurie
Et mes silences d'autrefois

Et puis et puis, tu es partie radicale
Avec un zèbre, un zèbre mal rayé
Le jour, Madame, où je t'ai refusé
D'apprendre à monter à cheval
Mais tu m'avais pris ma jument
Mon silence, mes sabots
Mon écurie, mon galop
Tu ne m'as laissé que mes dents
Et voilà pourquoi je cours, je cours
Je cours le monde en hennissant
Me voyant refuser l'amour
Par les femmes et par les juments

J'étais vraiment, vraiment bien plus heureux
Bien plus heureux avant quand j'étais ch’val
Que je promenais Madame, votre landau
Quand j'étais ch’val et quand tu étais chameau !
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Le bon Dieu

Toi
Toi, si t’étais l’bon Dieu
Tu f’rais valser les vieux
Aux étoiles
Toi
Toi, si t’étais l’bon Dieu
Tu allumerais des bals
Pour les gueux

Toi
Toi, si t’étais l’bon Dieu
Tu n’s’rais pas économe
De ciel bleu
Mais
Tu n'es pas l'bon Dieu
Toi, tu es beaucoup mieux
Tu es un homme

Tu es un homme
Tu es un homme
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La, la, la

Quand je s’rai vieux, je s’rai insupportable
Sauf pour mon lit et mon maigre passé
Mon chien s’ra mort, ma barbe s’ra minable
Toutes mes morues m'auront laissé tomber
J'habiterai une quelconque Belgique
Qui m'insultera tout autant que maintenant
Quand je lui chant’rai : Vive la République !
Vive les Belgiens ! Merde, pour les flamingants
La... la... la...
La... la... la...

Je serai fui comme un vieil hôpital
Par tous les ventres d’haute société
Je boirai donc seul, ma pension de cigale
Il faut bien être lorsque l'on a été
Je ne s’rai reçu qu’par les chats du quartier
A leur festin pour qu'ils ne soient pas treize
Mais j'y chanterai sur une simple chaise
J'y chanterai après le rat crevé
Messieurs, dans le lit de la Marquise
C'était moi, les quatre-vingts chasseurs
La... la... la...

Quand viendra l'heure imbécile et fatale
Où il paraît que quelqu'un nous appelle
J'insulterai le flic sacerdotal
Penché vers moi comme un larbin du ciel
Et j’mourirai, cerné de rigolos
En me disant qu'il était chouette, Voltaire
Et qu’si y en a des, qui ont une plume au chapeau
Y en a des, qui ont une plume dans le derrière
La... la... la...
La... la... la...

Quand je s’rai vieux, je s’rai insupportable
Sauf pour mon lit et mon maigre passé
Mon chien s’ra mort, ma barbe s’ra minable
Toutes mes morues m'auront laissé tomber
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L'homme dans la cité

Pourvu que nous vienne un homme
Aux portes de la cité
Que l'amour soit son royaume
Et l'espoir son invité
Et qu'il soit pareil aux arbres
Que mon père avait plantés
Fiers et nobles comme soir d'été
Et que les rires d'enfants
Qui lui tintent dans la tête
L'éclaboussent de reflets de fête

Pourvu que nous vienne un homme
Aux portes de la cité
Que son regard soit un psaume
Fait de soleils éclatés
Qu'il ne s'agenouille pas
Devant tout l'or d'un seigneur
Mais parfois pour cueillir une fleur
Et qu'il chasse de la main
A jamais et pour toujours
Les solutions qui seraient sans amour

Pourvu que nous vienne un homme
Aux portes de la cité
Et qui ne soit pas un baume
Mais une force, une clarté
Et que sa colère soit juste
Jeune et belle comme l'orage
Qu'il ne soit jamais ni vieux ni sage
Et qu'il rechasse du temple
L'écrivain sans opinion
Marchand de riens
Marchand d'émotions

Pourvu que nous vienne un homme
Aux portes de la cité
Avant que les autres hommes
Qui vivent dans la cité
Humiliés, l'espoir meurtri
Et lourds de leur colère froide
Ne dressent au creux des nuits
De nouvelles barricades
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L'orage

Le ciel
Le ciel est chargé
De nuages bas
La pluie va tomber
Sur nos mains, sur nos bras
Le ciel est chargé
De nuages bas
La pluie va tomber
Sur nos mains, sur nos bras

Le vent
Le vent crie de loin
Sa plainte sonore
Comme un hymne ancien
Qui pleure les morts
Le vent crie de loin
Sa plainte sonore
Comme un hymne ancien
Qui pleure les morts

La pluie
La pluie est jolie
La pluie qui étincelle
A comme ma mie
Un rire de crécelle
La pluie est jolie
La pluie qui étincelle
A comme ma mie
Un rire de crécelle

L'onde
C'est l'onde qui monte
Au fond des vallons
L'onde douce et blonde
Odeur de moisson
C'est l'onde qui monte
Au fond des vallons
L'onde douce et blonde
Odeur de moisson

Les bêtes
Les bêtes s'enfuient
Par prés et par ch'mins
Les bêtes s'enfuient
Noé, tu es loin
Les bêtes s'enfuient
Par prés et par ch'mins
Les bêtes s'enfuient
Noé, tu es loin

Les fleurs
Les fleurs ferment leur cœur
Avec leurs pétales
Comme se cachent les pleurs
Dans les yeux d'une femme
Les fleurs ferment leur cœur
Avec leurs pétales
Comme se cachent les pleurs
Dans les yeux d'une femme

Les hommes
Derrière leur tambour
De vitres polies
Cachent leurs amours
Et cachent leurs vies
Derrière leur tambour
De vitres polies
Cachent leurs amours
Et cachent leurs vies

J'ai peur
J'ai peur de la pluie
J'ai peur du vent
J'ai peur de la vie
J'ai peur, oh, maman !
J'ai peur de la pluie
J'ai peur du vent
Et j'ai peur de la vie
Et j'ai peur, oh, maman !
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La Bastille

Mon ami, qui crois que tout doit changer
Te crois-tu le droit de t'en aller tuer les bourgeois ?
Si tu crois encore qu'il nous faut descendre
Dans le creux des rues pour monter au pouvoir
Si tu crois encore au rêve du grand soir
Et que nos ennemis, il faut aller les pendre

Dis-le-toi désormais
Même s'il est sincère
Aucun rêve jamais
Ne mérite une guerre
On a détruit la Bastille
Et ça n'a rien arrangé
On a détruit la Bastille
Quand il fallait nous aimer

Mon ami, qui crois que rien ne doit changer
Te crois-tu le droit de vivre et de penser en bourgeois
Si tu crois encore qu'il nous faut défendre
Un bonheur acquis au prix d'autres bonheurs
Si tu crois encore que c'est parce qu'ils ont peur
Que les gens te saluent plutôt que de te pendre

Dis-le-toi désormais
Même s'il est sincère
Aucun rêve jamais
Ne mérite une guerre
On a détruit la Bastille
Et ça n'a rien arrangé
On a détruit la Bastille
Quand il fallait nous aimer

Mon ami, je crois que tout peut s'arranger
Sans cris sans effroi même sans insulter les bourgeois
L'avenir dépend des révolutionnaires
Mais se moque bien des petits révoltés
L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre
Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner

Hâtons-nous d'espérer
Marchons aux lendemains
Tendons une main
Qui ne soit pas fermée
On a détruit la Bastille
Et ça n'a rien arrangé
On a détruit la Bastille
Ne pourrait-on pas s'aimer ?
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La bourrée du célibataire

La fille que j'aimera
Aura le cœur si sage
Qu'au creux de son rivage
Mon cœur s'arrêtera
La fille que j'aimera
Je lui veux la peau tendre
Pour qu'aux nuits de décembre
S'y réchauffent mes doigts
Et moi je l'aimerons
Et elle m'aimera
Et nos cœurs brûleront
Du même feu de joie
Entreront en chantant
Dans les murs de la vie
En offrant nos vingt ans
Pour qu'elle nous soit jolie
Non ce n'est pas toi
La fille que j'aimerons
Non ce n'est pas toi
La fille que j'aimera

La fille que j'aimera
Aura sa maison basse
Blanche et simple à la fois
Comme un état de grâce
La fille que j'aimera
Aura des soirs de veille
Où elle me parlera
Des enfants qui sommeillent
Et moi je l'aimerons
Et elle m'aimera
Et nous nous offrirons
Tout l'amour que l'on a
Pavoiserons tous deux
Notre vie de soleil
Avant que d'être vieux
Avant que d'être vieille
Non ce n'est pas toi
La fille que j'aimerons
Non ce n'est pas toi
La fille que j'aimera

La fille que j'aimera
Vieillira sans tristesse
Entre son feu de bois
Et ma grande tendresse
La fille que j'aimera
Sera comme bon vin
Qui se bonifiera
Un peu chaque matin
Et moi je l'aimerons
Et elle m'aimera
Et ferons des chansons
De nos anciennes joies
Et quitterons la Terre
Les yeux pleins l'un de l'autre
Pour fleurir tout l'enfer
Du bonheur qui est nôtre
Ah, qu'elle vienne à moi
La fille que j'aimerons !
Ah, qu'elle vienne à moi
La fille que j'aimera !
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La cathédrale

Prenez une cathédrale
Et offrez-lui quelques mâts
Un beaupré, de vastes cales
Des haubans et hale-bas
Prenez une cathédrale
Haute en ciel et large au ventre
Une cathédrale à tendre
De clinfoc et de grand-voiles
Prenez une cathédrale
De Picardie ou de Flandre
Une cathédrale à vendre
Par des prêtres sans étoile
Cette cathédrale en pierre
Qui sera débondieurisée
Traînez-la à travers prés
Jusqu'où vient fleurir la mer
Hissez la toile en riant
Et filez sur l'Angleterre

L'Angleterre est douce à voir
Du haut d'une cathédrale
Même si le thé fait pleuvoir
Quelque ennui sur les escales
Les Cornouailles sont à prendre
Quand elles accouchent du jour
Et qu'on flotte entre le tendre
Entre le tendre et l'amour
Prenez une cathédrale
Et offrez-lui quelques mâts
Un beaupré, de vastes cales
Mais ne vous réveillez pas
Filez toutes voiles dehors
Et ho hisse, les matelots
A chasser les cachalots
Qui vous mèneront aux Açores
Puis Madère avec ses filles
Canarianes et l'océan
Qui vous poussera en riant
En riant jusqu'aux Antilles
Prenez une cathédrale
Hissez le petit pavois
Et faites chanter les voiles
Mais ne vous réveillez pas

Putain, les Antilles sont belles
Elles vous croquent sous la dent
On se coucherait bien sur elles
Mais repartez de l'avant
Car toutes cloches en branle-bas
Votre cathédrale se voile
Transpercera le canal
Le canal de Panama
Prenez une cathédrale
De Picardie ou d'Artois
Partez cueillir les étoiles
Mais ne vous réveillez pas

Et voici le Pacifique
Longue houle qui roule au vent
Et ronronne sa musique
Jusqu'aux îles droit devant
Et que l'on vous veuille absoudre
Si là-bas bien plus qu'ailleurs
Vous tentez de vous dissoudre
Entre les fleurs et les fleurs
Prenez une cathédrale
Hissez le petit pavois
Et faites chanter les voiles
Mais ne vous réveillez pas
Prenez une cathédrale
De Picardie ou d'Artois
Partez pêcher les étoiles
Mais ne vous réveillez pas
Cette cathédrale est en pierre
Traînez-la à travers bois
Jusqu'où vient fleurir la mer
Mais ne vous réveillez pas
Mais ne vous réveillez pas.
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Le colonel

Colonel, faut-il
Puisque se lève le jour
Faire battre tous les tambours
Réveiller tous les pandoures ?
Colonel, faut-il
Faire sonner tous les clairons
Rassembler les escadrons ?
Colonel, colonel, nous attendons

Le colonel s'ennuie.
Il effeuille une fleur
Et rêve à son amie
Qui lui a pris son cœur.
Son amie est si douce et belle
Dans sa robe au soleil
Que chaque jour passé près d'elle
Se meuble de merveilles.

Colonel, faut-il
Puisque voilà l'ennemi
Faire tirer notre artillerie
Disposer notre infanterie ?
Colonel, faut-il
Charger tous comme des fous
Ou partir à pas de loup ?
Colonel, colonel, dites-le nous

Le colonel s'ennuie.
Il effeuille une fleur
Et rêve à son amie
Qui lui a pris son cœur.
Ses baisers doux comme velours
Tendrement, ont conduit
A l'état-major de l'amour
Le colonel ravi

Colonel, faut-il,
Puisque vous êtes blessé
Faut-il donc nous occuper
De vous trouver un abbé ?
Colonel, faut-il
Puisqu'est mort l'apothicaire
Chercher le vétérinaire ?
Colonel, colonel, que faut-il faire ?

Le colonel s'ennuie.
Il effeuille une fleur
Et rêve à son amie
Qui lui a pris son cœur.
Il la voit et lui tend les bras
Il la voit et l'appelle
Et c'est en lui parlant tout bas
Qu'il entre dans le ciel

Ce colonel qui meurt
Et qui meurt de chagrin
Blessé d'une fille dans le cœur
Ce colonel loin de sa belle
C'est mon cœur loin du tien
C'est mon cœur loin du tien
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Les gens

Belle Jeannette a fauté, je n'en dis pas davantage
Car cela peut arriver à toutes les filles de son âge
Mais lorsque sa mère apprit qu'elle allait être grand-mère
Retentirent tous les cris d'une majuscule colère
Vous parlez, ma bonne dame, de vice, d'immoralité
Mais faites-vous donc un drame des amants que vous avez ?

{Refrain, x2}
Les gens qui ont bonne conscience
Dans les rues, le soir
Les gens qui ont bonne conscience
Ont souvent mauvaise mémoire

Et ceux qui se disent beaux parce qu'ils sont des idiots
Et ceux qui se disent malins parce qu'ils ne sont que laids
Et ceux qui se disent heureux parce qu'ils sont des bigots
Et ceux qui se disent bons parce qu'ils sont des niais
Tous ceux qui ont la tête haute parce qu'ils ont tout appris
Et qui ont l'âme sereine parce qu'ils n'ont rien compris

{au Refrain, x2}
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Les jardins du casino

Les musiciens sortent leurs moustaches
Et leurs violons et leur saxo
Et la polka se met en marche
Dans les jardins du casino
Où glandouillent en papotant
De vieilles vieilles qui ont la gratouille
Et de moins vieilles qui ont la chatouille
Et des messieurs qui ont le temps
Passent aussi, indifférents
Quelques jeunes gens faméliques
Qui sont encore confondant
L'érotisme et la gymnastique
Tout ça dresse une muraille de Chine
Entre le pauvre ami Pierrot
Et sa fugace Colombine
Dans les jardins du casino

Les musiciens frétillent des moustaches
Et du violon et du saxo
Quand la polka guide la démarche
De la beauté du casino
Quelques couples protubérants
Dansent comme des escalopes
Avec des langueurs d'héliotrope
Devant les faiseuses de cancans
Un colonel encivilé
Présente à de fausses duchesses
Compliments et civilités
Et baise-mains, et ronds de fesses
Tout ça n'arrange pas, on le devine
Les affaires du pauvre Pierrot
Cherchant fugace Colombine
Dans les jardins du casino

Et puis, le soir tombe par taches
Les musiciens rangent leur saxo
Et leurs violons et leurs moustaches
Dans les jardins du casino
Les jeunes filles rentrent aux tanières
Sans ce jeune homme ou sans ce veuf
Qui devait leur offrir la litière
Où elles auraient pondu leur œuf
Les vieux messieurs rentrent au bercail
Retrouver le souvenir jauni
De leur madame Bovary
Qu'ils entretiennent, vaille que vaille
Il ne demeure que l'opaline
De l'âme du pauvre Pierrot
Pleurant fugace Colombine
Dans les jardins du casino
Du casino
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Les moutons

Désolé, bergère
J'aime pas les moutons
Qu'ils soient pure laine
Ou en chapeau melon
Qu'ils broutent leur colline
Qu'ils broutent le béton
Menés par quelques chiens
Et par quelques bâtons
Désolé, bergère
J'aime pas les moutons

Désolé, bergère
J'aime pas les agneaux
Qui arrondissent le dos
De troupeau en troupeau
De troupeau en étable
Et d'étable en bureau
J'aime encore mieux les loups
J'aime mieux les moineaux
Désolé, bergère
J'aime pas les agneaux

Désolé, bergère
J'aime pas les brebis
Ça arrive tout tordu
Et ça dit déjà "oui"
Ça se retrouve tondu
Et ça vous redit "oui"
Ça se balance en boucherie
Et ça re-redit "oui"
Désolé, bergère
J'aime pas les brebis

Désolé, bergère
J'aime pas les troupeaux
Qui ne voient pas plus loin
Que le bout de leur coteau
Qui avancent en reculant
Qui se noient dans un verre d'eau... bénite
Et dès que le vent se lève
Montrent le bas de leur dos
Désolé, bergère
J'aime pas les troupeaux

Désolé, bergère
J'aime pas les bergers
Désolé, bergère
J'aime pas les bergers
Il pleut, il pleut, bergère
Prends garde à te garder
Prends garde à te garder, bergère
Un jour tu vas bêler
Désolé, bergère
J'aime pas les bergers


Désolé bergère
J'aime pas les moutons
Qu'ils soient pure laine
Ou en chapeau melon
Qu'ils broutent leur colline
Qu'ils broutent le béton
Menés par quelques chiens
Et par quelques bâtons
Désolé bergère
J'aime pas les moutons

Bêêêêê
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Mai 40

{Refrain:}
On jouait un air comme celui-ci
Lorsque la guerre s'est réveillée
On jouait un air comme celui-ci
Lorsque la guerre est arrivée

Moi de mes onze ans d'altitude
Je découvrais éberlué
Des soldatesques fatiguées
Qui ramenaient ma belgitude
Les hommes devenaient des hommes
Les gares avalaient des soldats
Qui faisaient ceux qui n’s'en vont pas
Et les femmes
Les femmes s'accrochaient à leurs hommes

{au Refrain}

Et voilà que le printemps flambe
Les canons passaient en chantant
Et puis les voilà revenant
Déjà la gueule entre les jambes
Comme repassaient en pleurant
Nos grands frères devenus vieillards
Nos pères devenus brouillard
Et les femmes
Les femmes s'accrochaient aux enfants

{au Refrain}

Je découvris le réfugié
C'est un paysan qui se nomade
C'est un banlieusard qui s'évade
D'une ville ouverte qui est fermée
Je découvris le refusé
C'est un armé que l'on désarme
Et qui doit faire chemin à pied
Et les femmes
Les femmes s'accrochaient à leurs larmes

{au Refrain}

D'un ciel plus bleu qu'à l'habitude
Ce mai 40 a salué
Quelques allemands disciplinés
Qui écrasaient ma belgitude
L'honneur avait perdu patience
Et chaque bourg connut la crainte
Et chaque ville fut éteinte
Et les femmes
Les femmes s'accrochèrent au silence
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Madeleine

Ce soir j'attends Madeleine
J'ai apporté du lilas
J'en apporte toutes les s'maines
Madeleine elle aime bien ça
Ce soir j'attends Madeleine
On prendra le tram trente-trois
Pour manger des frites chez Eugène
Madeleine elle aime tant ça
Madeleine c'est mon Noël
C'est mon Amérique à moi
Même qu'elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Joël
Mais ce soir j'attends Madeleine
On ira au cinéma
Je lui dirai des "je t'aime"
Madeleine elle aime tant ça

Elle est tellement jolie
Elle est tellement tout ça
Elle est toute ma vie
Madeleine que j'attends là

Ce soir j'attends Madeleine
Mais il pleut sur mes lilas
Il pleut comme toutes les s'maines
Et Madeleine n'arrive pas
Ce soir j'attends Madeleine
C'est trop tard pour l'tram trente-trois
Trop tard pour les frites d'Eugène
Madeleine n'arrive pas
Madeleine c'est mon horizon
C'est mon Amérique à moi
Même qu'elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaston
Mais ce soir j'attends Madeleine
Il me reste le cinéma
J’pourrai lui dire des "je t'aime"
Madeleine elle aime tant ça

Elle est tellement jolie
Elle est tellement tout ça
Elle est toute ma vie
Madeleine qui n'arrive pas

Ce soir j'attendais Madeleine
Mais j'ai jeté mes lilas
J'les ai j'tés comme toutes les s'maines
Madeleine ne viendra pas
Ce soir j'attendais Madeleine
C'est fichu pour l'cinéma
Je reste avec mes "je t'aime"
Madeleine ne viendra pas
Madeleine c'est mon espoir
C'est mon Amérique à moi
Mais sûr qu'elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaspard
Ce soir j'attendais Madeleine
Tiens le dernier tram s'en va
On doit fermer chez Eugène
Madeleine ne viendra pas

Elle est, elle est pourtant tellement jolie
Elle est pourtant tellement tout ça
Elle est pourtant toute ma vie
Madeleine qui n’viendra pas

Mais demain j'attendrai Madeleine
Je rapporterai du lilas
J'en rapporterai toute la s'maine
Madeleine elle aimera ça
Demain j'attendrai Madeleine
On prendra le tram trente-trois
Pour manger des frites chez Eugène
Madeleine elle aimera ça
Madeleine c'est mon espoir
C'est mon Amérique à moi
Tant pis si elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaspard
Demain j'attendrai Madeleine
On ira au cinéma
Je lui dirai des "je t'aime"
Et Madeleine, elle aimera ça
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Les singes

Avant eux, avant les culs pelés
La fleur, l'oiseau et nous étions en liberté
Mais ils sont arrivés, et la fleur est en pot
Et l'oiseau est en cage et nous en numéro
Car ils ont inventé prisons et condamnés
Et casiers judiciaires et trous dans la serrure
Et les langues coupées des premières censures
Et c'est depuis lors qu'ils sont civilisés
Les singes, les singes, les singes de mon quartier
Les singes, les singes, les singes de mon quartier

Avant eux il n'y avait pas d'problème
Quand poussaient les bananes même pendant le Carême
Mais ils sont arrivés bardés d'intolérances
Pour chasser en apôtres d'autres intolérances
Car ils ont inventé la chasse aux Albigeois
La chasse aux infidèles et la chasse à ceux-là
La chasse aux singes sages qui n'aiment pas chasser
Et c'est depuis lors qu'ils sont civilisés
Les singes, les singes, les singes de mon quartier
Les singes, les singes, les singes de mon quartier

Avant eux l'homme était un prince
La femme une princesse, l'amour une province
Mais ils sont arrivés, le prince est un mendiant
La province se meurt, la princesse se vend
Car ils ont inventé l'amour qui est un péché
L'amour qui est une affaire, le marché aux pucelles
Le droit de courte-cuisse et les mères maquerelles
Et c'est depuis lors qu'ils sont civilisés
Les singes, les singes, les singes de mon quartier
Les singes, les singes, les singes de mon quartier

Avant eux il y avait paix sur Terre
Quand pour dix éléphants il n'y avait qu'un militaire
Mais ils sont arrivés et c'est à coups de bâtons
Que la raison d'État a chassé la raison
Car ils ont inventé le fer à empaler
Et la chambre à gaz et la chaise électrique
Et la bombe au napalm et la bombe atomique
Et c'est depuis lors qu'ils sont civilisés
Les singes, les singes, les singes de mon quartier
Les singes de mon quartier
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Les timides

Les timides
Ça s'tortille
Ça s'entortille
Ça sautille
Ça s'met en vrille
Ça s'recroqueville
Ça rêve d'être un lapin
Peu importe
D'où ils sortent
Mais feuilles mortes
Quand le vent les porte
Devant nos portes
On dirait qu'ils portent
Une valise dans chaque main

Les timides
Suivent l'ombre
L'ombre sombre
De leur ombre
Seule la pénombre
Sait le nombre
De leurs pudeurs de Levantin
Ils se plissent
Ils pâlissent
Ils jaunissent
Ils rosissent
Ils rougissent
S'écrevissent
Une valise dans chaque main

Mais les timides
Un soir d'audace
Devant leur glace
Rêvant d'espace
Mettent leur cuirasse
Et alors place !
Allons, Paris
Tiens-toi bien !
Et vive la gare
Saint-Lazare
Mais on s’égare
On s’effare
On s’ désempare
Et on repart
Une valise dans chaque main

Les timides
Quand ils chavirent
Pour une Elvire
Ont des soupirs
Ont des désirs
Qu'ils désirent dire
Mais ils n'osent pas bien
Et leur maîtresse
Plus prêtresse
En ivresse
Qu'en tendresse
Un soir les laisse
Du bout des fesses
Une valise dans chaque main

Les timides
Alors vieillissent
Alors finissent
Se rapetissent
Et quand ils glissent
Dans les abysses
Je veux dire
Quand ils meurent
N'osent rien dire
Rien maudire
N'osent frémir
N'osent sourire
Juste un soupir
Et ils meurent
Une valise sur le cœur
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Les pieds dans le ruisseau

{Refrain:}
Les pieds dans le ruisseau
Moi je regarde couler la vie
Les pieds dans le ruisseau
Moi je regarde sans dire un mot

Les gentils poissons
Me content leur vie
En faisant des ronds
Sur l'onde jolie
Et moi je réponds
En gravant dans l'eau
Des mots, jolis mots
Mots de ma façon

{au Refrain}

Au fil du courant
S'efface une lettre
Lettre d'un amant
Disparu peut-être
Ah ! Que je voudrais
Trouver près de moi
Une fille dont j'pourrais
Caresser les doigts

{au Refrain}

Et quand le crapaud
Berce au crépuscule
Parmi les roseaux
Dame libellule
Penchant mon visage
Au-dessus de l'eau
Je vois mon image
Moi, je vois… moi, je vois l’idiot
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Les prénoms de Paris

Le soleil qui se lève
Et caresse les toits
Et c'est Paris le jour
La Seine qui se promène
Et me guide du doigt
Et c'est Paris toujours
Et mon cœur qui s'arrête
Sur ton cœur qui sourit
Et c'est Paris bonjour
Et ta main dans ma main
Qui me dit déjà oui
Et c'est Paris l'amour
Le premier rendez-vous
A l'île Saint-Louis
C'est Paris qui commence
Et le premier baiser
Volé aux Tuileries
Et c'est Paris la chance
Et le premier baiser
Reçu sous un portail
Et c'est Paris romance
Et deux têtes qui tournent
En regardant Versailles
Et c'est Paris la France

Des jours que l'on oublie
Qui oublient de nous voir
Et c'est Paris l'espoir
Des heures où nos regards
Ne sont qu'un seul regard
Et c'est Paris miroir
Rien que des nuits encore
Qui séparent nos chansons
Et c'est Paris bonsoir
Et ce jour-là enfin
Où tu ne dis plus non
Et c'est Paris ce soir
Une chambre un peu triste
Où s'arrête la ronde
Et c'est Paris nous deux
Un regard qui reçoit
La tendresse du monde
Et c'est Paris tes yeux
Ce serment que je pleure
Plutôt que ne le dis
C'est Paris si tu veux
Et savoir que demain
Sera comme aujourd'hui
C'est Paris merveilleux

Mais la fin du voyage
La fin de la chanson
Et c'est Paris tout gris
Dernier jour, dernière heure
Première larme aussi
Et c'est Paris la pluie
Ces jardins remontés
Qui n'ont plus leur parure
Et c'est Paris l'ennui
La gare où s'accomplit
La dernière déchirure
Et c'est Paris fini
Loin des yeux loin du cœur
Chassé du paradis
Et c'est Paris chagrin
Mais une lettre de toi
Une lettre qui dit oui
Et c'est Paris demain
Des villes et des villages
Les roues tremblent de chance
C'est Paris en chemin
Et toi qui m'attends là
Et tout qui recommence
Et c'est Paris je reviens.
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Les flamandes

Les Flamandes dansent sans rien dire
Sans rien dire aux dimanches sonnants
Les Flamandes dansent sans rien dire
Les Flamandes ça n'est pas causant
Si elles dansent, c'est parce qu'elles ont vingt ans
Et qu'à vingt ans il faut se fiancer
Se fiancer pour pouvoir se marier
Et se marier pour avoir des enfants
C'est ce que leur ont dit leurs parents
Le bedeau et même son Eminence
L'Archiprêtre qui prêche au couvent
Et c'est pour ça et c'est pour ça qu'elles dansent
Les Flamandes
Les Flamandes
Les Fla - Les Fla - Les Flamandes

Les Flamandes dansent sans frémir
Sans frémir aux dimanches sonnants
Les Flamandes dansent sans frémir
Les Flamandes ça n'est pas frémissant
Si elles dansent, c'est parce qu'elles ont trente ans
Et qu'à trente ans il est bon de montrer
Que tout va bien, que poussent les enfants
Et le houblon et le blé dans le pré
Elles font la fierté de leurs parents
Et du bedeau et de son Eminence
L'Archiprêtre qui prêche au couvent
Et c'est pour ça et c'est pour ça qu'elles dansent
Les Flamandes
Les Flamandes
Les Fla - Les Fla - Les Flamandes

Les Flamandes dansent sans sourire
Sans sourire aux dimanches sonnants
Les Flamandes dansent sans sourire
Les Flamandes ça n'est pas souriant
Si elles dansent, c'est qu'elles ont septante ans
Qu'à septante ans il est bon de montrer
Que tout va bien, que poussent les p'tits-enfants
Et le houblon et le blé dans le pré
Toutes vêtues de noir comme leurs parents
Comme le bedeau et comme son Eminence
L'Archiprêtre qui radote au couvent
Elles héritent et c'est pour ça qu'elles dansent
Les Flamandes
Les Flamandes
Les Fla - Les Fla - Les Flamandes

Les Flamandes dansent sans mollir
Sans mollir aux dimanches sonnants
Les Flamandes dansent sans mollir
Les Flamandes ça n'est pas mollissant
Si elles dansent, c'est parce qu'elles ont "chent" ans
Et qu'à "chent" ans il est bon de montrer
Que tout va bien, qu'on a toujours bon pied
Et bon houblon et bon blé dans le pré
Elles s'en vont retrouver leurs parents
Et le bedeau et même Son Eminence
L'Archiprêtre qui radote au couvent
Et c'est pour ça qu'une dernière fois elles dansent
Les Flamandes
Les Flamandes
Les Fla - Les Fla -Les Flamandes.
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Les pavés

J'aime les pavés de ma rue
Petite rue gentille
Où l'on voit les filles
Qui pendent le linge tout blanc
Aux balcons des cours
En riant
Aux garçons qui leur parlent d'amour

J'aime les pavés de ma rue
Ils ont conduit, tout petit
Mes p'tits pas de souris
Au pensionnat du Sacré-Cœur
Ah ! je me souviens de l'école
Et des sœurs,
Cornettes en auréoles

Et plus tard, quand on allait danser
Dans les bars du quartier
Les pavés
Aux joues humides de rosée
Supportaient nos pas titubants
En chantant
Les chansons que font sur leur dos
Les sabots des chevaux

J'aime les pavés de ma rue
Ils ont connu ma mie
La belle Lucie
Le jour qu'on s'est fiancés
Il y avait juste assez de soleil
Pour aimer
Que les autres jours soient pareils !

J'aime les pavés de ma rue
Je leur demande souvent
Comme un petit enfant
De ne pas crier trop fort
Sous le chariot qui portera
Mon corps
Dans sa caisse de bois

Pour ne pas troubler ma rue
Petite rue gentille
Où l'on voit les filles
Qui pendent le linge tout blanc
Aux balcons des cours
En riant
Aux garçons qui leur parlent d'amour
La la...
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Les filles et les chiens

Les filles
C'est beau comme un jeu
C'est beau comme un feu
C'est beaucoup trop peu
Les filles
C'est beau comme un fruit
C'est beau comme la nuit
C'est beaucoup d'ennuis
Les filles
C'est beau comme un r'nard
C'est beau comme un r'tard
C'est beaucoup trop tard
Les filles
C'est beau tant qu'ça peut
C'est beau comme l'adieu
Et c'est beaucoup mieux
Mais les chiens
C'est beau comme des chiens
Et ça reste là
A nous voir pleurer
Les chiens
Ça ne nous dit rien
C'est peut-être pour ça
Qu'on croit les aimer

Les filles
Ça vous pend au nez
Ça vous prend au thé
Ça vous prend les dés
Les filles
Ça vous pend au cou
Ça vous pend au clou
Ça dépend de vous
Les filles
Ça vous pend au cœur
Ça se pend aux fleurs
Ça dépend des heures
Les filles
Ça dépend de tout
Ça dépend surtout
Ça dépend des sous
Mais les chiens
Ça n'dépend de rien
Et ça reste là
A nous voir pleurer
Les chiens
Ça ne nous dit rien
C'est peut-être pour ça
Qu'on croit les aimer

Les filles
Ça joue au cerceau
Ça joue du cerveau
Ça se joue tango
Les filles
Ça joue l'amadou
Ça joue contre joue
Ça se joue de vous
Les filles
Ça joue à jouer
Ça joue à aimer
Ça joue pour gagner
Les filles
Qu'elles jouent les p'tites femmes
Qu'elles jouent les grandes dames
Ça se joue en drames
Mais les chiens
Ça ne joue à rien
Parce que ça n'sait pas
Comment faut tricher
Les chiens
Ça ne joue à rien
C'est peut-être pour ça
Qu'on croit les aimer

Les filles
Ça donne à rêver
Ça donne à penser
Ça vous donne congé
Les filles
Ça se donne pourtant
Ça se donne un temps
C'est donnant donnant
Les filles
Ça donne de l'amour
A chacun son tour
Ça donne sur la cour
Les filles
Ça vous donne son corps
Ça se donne si fort
Que ça donne des r'mords
Mais les chiens
Ça ne vous donne rien
Parce que ça n'sait pas
Faire semblant d'donner
Les chiens
Ça ne vous donne rien
C'est peut-être pour ça
Qu'on doit les aimer

Et c'est pourtant pour les filles
Qu'au moindre matin
Qu'au moindre chagrin
On renie ses chiens
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Les fenêtres

Les fenêtres nous guettent
Quand notre cœur s'arrête
En croisant Louisette
Pour qui brûlent nos chairs
Les fenêtres rigolent
Quand elles voient la frivole
Qui offre sa corole
A un clerc de notaire
Les fenêtres sanglotent
Quand à l'aube falote
Un enterrement cahote
Jusqu'au vieux cimetière
Mais les fenêtres froncent
Leurs corniches de bronze
Quand elles voient les ronces
Envahir leur lumière

Les fenêtres murmurent
Quand tombent en chevelure
Les pluies de la froidure
Qui mouillent les adieux
Les fenêtres chantonnent
Quand se lève à l'automne
Le vent qui abandonne
Les rues aux amoureux
Les fenêtres se taisent
Quand l'hiver les apaise
Et que la neige épaisse
Vient leur fermer les yeux
Mais les fenêtres jacassent
Quand une femme passe
Qui habite l'impasse
Où passent les messieurs

La fenêtre est un œuf
Quand elle est œil-de-bœuf
Qui attend comme un veuf
Au coin d'un escalier
La fenêtre bataille
Quand elle est soupirail
D'où le soldat mitraille
Avant de succomber
Les fenêtres musardent
Quand elles sont mansardes
Et abritent les hardes
D'un poète oublié
Mais les fenêtres gentilles
Se recouvrent de grilles
Si par malheur on crie :
"Vive la liberté"

Les fenêtres surveillent
L'enfant qui s'émerveille
Dans un cercle de vieilles
A faire ses premiers pas
Les fenêtres sourient
Quand quinze ans trop jolis
Et quinze ans trop grandis
S'offrent un premier repas
Les fenêtres menacent
Les fenêtres grimacent
Quand parfois j'ai l'audace
D'appeler un chat un chat
Les fenêtres me suivent
Me suivent et me poursuivent
Jusqu'à c'que peur s'ensuive
Tout au fond de mes draps

Les fenêtres souvent {x3}
Traitent impunément
De voyous des enfants
Qui cherchent qui aimer
Les fenêtres souvent
Soupçonnent ces manants
Qui dorment sur les bancs
Et parlent l'étranger
Les fenêtres souvent
Se ferment en riant
Se ferment en criant
Quand on y va chanter
Ah, je n'ose pas penser
Qu'elles servent à voiler
Plus qu'à laisser entrer
La lumière de l'été

Non je préfère penser
Qu'une fenêtre fermée
Ça ne sert qu'à aider
Les amants à s'aimer
{2x}
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Les F...

Messieurs les Flamingants, j'ai deux mots à vous rire
Il y a trop longtemps que vous me faites frire
A vous souffler dans l’cul, pour dev’nir autobus
Vous voilà acrobates mais vraiment rien de plus
Nazis durant les guerres et catholiques, entre elles
Vous oscillez sans cesse du fusil au missel
Vos regards sont lointains, votre humour est exsangue
Bien qu'il y ait des rues à Gand qui pissent dans les deux langues
Tu vois, quand j’pense à vous, j'aime que rien ne se perde
Messieurs les Flamingants, je vous emmerde

Vous salissez la Flandre, mais la Flandre vous juge
Voyez la mer du Nord, elle s'est enfuie de Bruges
Cessez de me gonfler mes vieilles roubignoles
Avec votre art flamand italo-espagnol
Vous êtes tellement, tellement beaucoup trop lourds
Que quand les soirs d'orage, des Chinois cultivés
Me demandent d'où je suis, je réponds fatigué
Et les larmes aux dents : "Ik ben van Luxembourg"
Et si, aux jeunes femmes, on ose un chant flamand
Elles s'envolent en rêvant aux oiseaux roses et blancs

Et je vous interdis d'espérer que jamais
A Londres, sous la pluie, on puisse vous croire anglais
Et je vous interdis, à New York ou Milan
D'éructer, messeigneurs, autrement qu'en flamand
Vous n'aurez pas l'air con, vraiment pas con du tout
Et moi, je m'interdis de dire que je m'en fous
Et je vous interdis d'obliger nos enfants
Qui ne vous ont rien fait, à aboyer flamand
Et si mes frères se taisent et bien tant pis pour elles
Je chante, persiste et signe, je m'appelle : Jacques Brel
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Les deux fauteuils

J'ai retrouvé deux fauteuils verts
Dans mon grenier, tout dégoûtants,
C'est le fauteuil de mon grand-père
Et le fauteuil de grand-maman

L'un est usé jusqu'à la corde
Souvent l'on dormit dans ses bras
Il est lourd de la sueur qu'il porte
C'est le fauteuil de grand-papa

L'autre, presque neuf, n'a de-ci de-là
Que quelques taches d'argent
Sur le dossier et sur les bras
Grand-mère y a pleuré dedans

Tout petit home de grande joie
Vous les connûtes encore amants
Se tenant tendrement les doigts
Disant les mots qu'on aime tant

J'ai retrouvé deux fauteuils verts
Dans mon grenier, tout dégoûtants,
C'est le fauteuil de mon grand-père
Et le fauteuil de grand-maman
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Les désespérés

Se tiennent par la main
Et marchent en silence
Dans ces villes éteintes
Que le crachin balance
Ne sonnent que leurs pas
Pas à pas fredonnés
Ils marchent en silence
Les désespérés

Ils ont brûlé leurs ailes
Ils ont perdu leurs branches
Tellement naufragés
Que la mort paraît blanche
Ils reviennent d'amour
Ils se sont réveillés
Ils marchent en silence
Les désespérés

Et je sais leur chemin
Pour l'avoir cheminé
Déjà plus de cent fois
Cent fois plus qu'à moitié
Moins vieux ou plus meurtris
Ils vont le terminer
Ils marchent en silence
Les désespérés

Lente sous le pont
L'eau est douce et profonde
Voici la bonne hôtesse
Voici la fin du monde
Ils pleurent leurs prénoms
Comme de jeunes mariés
Et fondent en silence
Les désespérés

Que se lève celui
Qui leur lance la pierre
Ils ne sait de l'amour
Que le verbe "s'aimer"
Sur le pont n'est plus rien
Qu'une brume légère
Ça s'oublie en silence
Ceux qui ont espéré
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Les coeurs tendres

Y en a qui ont le cœur si large
Qu'on y entre sans frapper
Y en a qui ont le cœur si large
Qu'on n'en voit que la moitié

Y en a qui ont le cœur si frêle
Qu'on le briserait du doigt
Y en a qui ont le cœur trop frêle
Pour vivre comme toi et moi

Z'ont plein de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

Y en a qui ont le cœur si tendre
Qu'y reposent les mésanges
Y en a qui ont le cœur trop tendre
Moitié hommes et moitié anges

Y en a qui ont le cœur si vaste
Qu'ils sont toujours en voyage
Y en a qui ont le cœur trop vaste
Pour se priver de mirages

Z'ont plein de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

Y en a qui ont le cœur dehors
Et ne peuvent que l'offrir
Le cœur tellement dehors
Qu'ils sont tous à s'en servir

Celui-là a le cœur dehors
Et si frêle et si tendre
Que maudits soient les arbres morts
Qui ne pourraient point l'entendre

A plein de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris
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Les bergers

Parfois ils nous arrivent avec leurs grands chapeaux
Et leurs manteaux de laine que suivent leurs troupeaux
Les bergers
Ils montent du printemps quand s'allongent les jours
Ou brûlés par l'été descendent vers les bourgs
Les bergers
Quand leurs bêtes s'arrêtent pour nous boire de l'eau
Se mettent à danser à l'ombre d'un pipeau
Les bergers

Entre eux l'en est de vieux, entre eux l'en est de sages
Qui appellent au puits tous les vieux du village
Les bergers
Ceux-là ont des histoires à nous faire telles peurs
Que pour trois nuits au moins nous rêvons des frayeurs
Des bergers
Ils ont les mêmes rides et les mêmes compagnes
Et les mêmes senteurs que leurs vieilles montagnes
Les bergers

Entre eux l'en est de jeunes, entre eux l'en est de beaux
Qui appellent les filles à faire le gros dos
Les bergers
Ceux-là ont des sourires qu'on dirait une fleur
Et des éclats de rire à faire jaillir de l'eau
Les bergers
Ceux-là ont des regards à vous brûler la peau
A vous défiancer, à vous clouer le cœur
Les bergers

Mais tous ils nous bousculent, qu'on soit filles ou garçons
Les garçons dans leurs rêves, les filles dans leurs frissons
Les bergers
Alors nous partageons le vin et le fromage
Et nous croyons une heure faire partie du voyage
Des bergers
C'est un peu comme Noël, Noël et ses trésors
Qui s'arrêteraient chez nous aux équinoxes d'or
Les bergers

Après ça ils s'en vont avec leurs grands chapeaux
Et leurs manteaux de laine que suivent leurs troupeaux
Les bergers
Ils montent du printemps quand s'allongent les jours
Ou brûlés par l'été descendent vers les bourgs
Les bergers
Quand leurs bêtes ont fini de nous boire notre eau
Se remettent en route à l'ombre d'un pipeau
Les bergers, les bergers, les bergers
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Les biches

Elles sont notre premier ennemi
Quand elles s'échappent en riant
Des pâturages de l'ennui
Les biches
Avec des cils comme des cheveux
Des cheveux en accroche-faon
Et seulement le bout des yeux
Qui triche
Si bien que le chasseur s'arrête
Et que je sais des ouragans
Qu'elles ont changés en poètes
Les biches
Et qu'on les chasse de notre esprit
Ou qu'elles nous chassent en rougissant
Elles sont notre premier ennemi
Les biches de quinze ans

Elles sont notre plus bel ennemi
Quand elles ont l'éclat de la fleur
Et déjà la saveur du fruit
Les biches
Qui passent toute vertu dehors
Alors que c'est de tout leur cœur
Alors que c'est de tout leur corps
Qu'elles trichent
Lorsqu'elles grignotent le mari
Ou lorsqu'elles croquent le diamant
Sur l'asphalte bleu de Paris
Les biches
Qu'on les chasse à coups de rubis
Ou qu'elles nous chassent au sentiment
Elles sont notre plus bel ennemi
Les biches de vingt ans

Elles sont notre pire ennemi
Lorsqu'elles savent leur pouvoir
Mais qu'elles savent leur sursis
Les biches
Quand un chasseur est une chance
Quand leur beauté se lève tard
Quand c'est avec toute leur science
Qu'elles trichent
Trompant l'ennui plus que le cerf
Et l'amant avec l'autre amant
Et l'autre amant avec le cerf
Qui biche
Mais qu'on les chasse à la folie
Ou qu'elles nous chassent du bout des gants
Elles sont notre pire ennemi
Les biches d'après vingt ans

Elles sont notre dernier ennemi
Quand leurs seins tombent de sommeil
Pour avoir veillé trop de nuits
Les biches
Quand elles ont le pas résigné
Des pèlerins qui s'en reviennent
Quand c'est avec tout leur passé
Qu'elles trichent
Afin de mieux nous retenir
Nous qui ne servons à ce temps
Qu'à les empêcher de vieillir
Les biches
Mais qu'on les chasse de notre vie
Ou qu'elles nous chassent parce qu'il est temps
Elles restent notre dernier ennemi
Les biches de trop longtemps
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Les amants de coeur

Ils s'aiment, s'aiment en riant
Ils s'aiment, s'aiment pour toujours
Ils s'aiment tout au long du jour
Ils s'aiment, s'aiment, s'aiment tant
Qu'on dirait des anges d'amour
Des anges fous se protégeant
Quand se retrouvent en courant
Les amants
Les amants de cœur
Les amants

Ils s'aiment, s'aiment à la folie
S'effeuillant à l'ombre des feux
Se découvrant comme deux fruits
Puis se trouvant n'être plus deux
Se dénouant comme velours
Se reprenant au petit jour
Et s'endormant les plus heureux
Les amants
Les amants de cœur
Les amants

Ils s'aiment, s'aiment en tremblant
Le cœur mouillé, le cœur battant
Chaque seconde est une peur
Qui croque le cœur entre ses dents
Ils savent trop de rendez-vous
Où ne vinrent que des facteurs
Pour n'avoir pas peur du loup
Les amants
Les amants de cœur
Les amants

Ils s'aiment, s'aiment en pleurant
Chaque jour un peu moins amants
Quand ils ont bu tout leur mystère
Deviennent comme sœur et frère
Brûlent leurs ailes d'inquiétude
Redeviennent deux habitudes
Alors changent de partenaire
Les amants
Les amants de cœur
Les amants

Qui s'aiment, s'aiment en riant
Qui s'aiment, s'aiment pour toujours
Qui s'aiment tout au long du jour
Qui s'aiment, s'aiment, s'aiment tant
Qu'on dirait des anges d'amour
Des anges fous se protégeant
Quand ils se retrouvent en courant
Les amants
Les amants de cœur
Les amants
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Le tango funèbre

Ah ! Je les vois déjà
Me couvrant de baisers
Et s'arrachant mes mains
Et demandant tout bas :
"Est-ce que la mort s'en vient ?
Est-ce que la mort s'en va ?
Est-ce qu'il est encore chaud ?
Est-ce qu'il est déjà froid ?"
Ils ouvrent mes armoires
Ils tâtent mes faïences
Ils fouillent mes tiroirs
Se régalant d'avance
De mes lettres d'amour
Enrubannées par deux
Qu'ils liront près du feu
En riant aux éclats
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !

Ah ! Je les vois déjà
Compassés et frileux
Suivant comme des artistes
Mon costume de bois
Ils se poussent du cœur
Pour être le plus triste
Ils se poussent du bras
Pour être le premier
Z'ont amené des vieilles
Qui ne me connaissaient plus
Z'ont amené des enfants
Qui ne me connaissaient pas
Pensent au prix des fleurs
Et trouvent indécent
De ne pas mourir au printemps
Quand on aime le lilas
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !

Ah ! Je les vois déjà
Tous mes chers faux amis
Souriant sous le poids
Du devoir accompli
Ah ! Je te vois déjà
Trop triste, trop à l'aise
Protégeant sous le drap
Tes larmes lyonnaises
Tu ne sais même pas
Sortant de mon cimetière
Que tu entres en ton enfer
Quand s'accroche à ton bras
Le bras de ton quelconque
Le bras de ton dernier
Qui te fera pleurer
Bien autrement que moi
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !

Ah ! Je me vois déjà
M'installant à jamais
Bien au triste, bien au froid
Dans mon champ d'osselets
Ah ! Je me vois déjà
Je me vois tout au bout
De ce voyage-là
D'où l'on revient de tout
Je vois déjà tout ça
Et l'on a le brave culot
D'oser me demander
De n'plus boire que de l'eau
De n'plus trousser les filles
De mettre d'l'argent d'côté
D'aimer l'filet d'maquereau
Et d'crier : "Vive le roi !"
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
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Les blés

Donne-moi la main
Le soleil a paru
Il nous faut prendre le chemin
Le temps des moissons est venu
Le blé nous a trop attendus
Et nous attendons trop de pain
Ta main sur mon bras
Pleine de douceur
Bien gentiment demandera
De vouloir épargner les fleurs
Ma faucille les évitera
Pour éviter que tu ne pleures

Les blés sont pour la faucille
Les soleils pour l'horizon
Les garçons sont pour les filles
Et les filles pour les garçons
Les blés sont pour la faucille
Les soleils pour l'horizon
Les garçons sont pour les filles
Et les filles pour les garçons

Donne-moi tes yeux
Le soleil est chaud
Et dans ton regard lumineux
Il a fait jaillir des jets d'eau
Qui mieux qu'un geste
Mieux qu'un mot
Rafraîchiront ton amoureux
Penchée vers le sol
Tu gerbes le blé
Et si parfois ton jupon vole
Pardonne-moi de regarder
Les trésors que vient dévoiler
Pour mon plaisir le vent frivole

Les blés sont pour la faucille
Les soleils pour l'horizon
Les garçons sont pour les filles
Et les filles pour les garçons
Les blés sont pour la faucille
Les soleils pour l'horizon
Les garçons sont pour les filles
Et les filles pour les garçons

Donne-moi ton cœur
Le soleil fatigué
S'en est allé
Chanter ailleurs
La chanson des blés moissonnés
Venu est le temps de s'aimer
Il nous faut glaner le bonheur
Ecrasés d'amour, éblouis de joie
Je saluerai la fin du jour
En te serrant tout contre moi
Et tu combleras mon émoi
En me disant que pour toujours

Les blés sont pour la faucille
Les soleils pour l'horizon
Les garçons sont pour les filles
Et les filles pour les garçons
Les blés sont pour la faucille
Les soleils pour l'horizon
Les garçons sont pour les filles
Et les filles pour les garçons
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Les bigotes

Les bigotes
by Jacques Brel
Elles vieillissent à petits pas
De petits chiens en petits chats
Les bigotes
Elles vieillissent d'autant plus vite
Qu'elles confondent l'amour et l'eau bénite
Comme toutes les bigotes

Ah ! Si j’étais diable, en les voyant parfois
Je crois que je me ferais châtrer
Si j'étais Dieu en les voyant prier
Je crois que je perdrais la foi
Par les bigotes

Elles processionnent à petits pas
De bénitier en bénitier
Les bigotes
Et patati et patata
Mes oreilles commencent à siffler
Les bigotes

Vêtues de noir comme Monsieur le curé
Qui est trop bon avec les créatures
Elles s'embigotent les yeux baissés
Comme si Dieu dormait sous leurs chaussures
De bigotes

Le samedi soir après l'turbin
On voit l'ouvrier parisien
Mais pas d'bigotes
Car c'est au fond de leur maison
Qu'elles se préservent des garçons
Les bigotes

Qui préfèrent se ratatiner
De vêpres en vêpres de messe en messe
Toutes fières d'avoir pu conserver
Le diamant qui dort entre leurs f...
De bigotes

Puis elles meurent à petits pas
A petit feu, en petit tas
Les bigotes
Qui cimetièrent à petits pas
Au petit jour, d'un petit froid
De bigotes

Et dans le ciel qui n'existe pas
Les anges font vite un paradis pour elles
Une auréole et deux bouts d'ailes
Et elles s'envolent... à petits pas
De bigotes
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Le gaz

Tu habites rue de la Madone
Une maison qui se déhanche
Une maison qui se tire-bouchonne
Et qui pleure à grosses planches
L'escalier colimaçonne
C'est pas grand, non
Mais y a d'la place

Tu habites rue de la Madone
Et moi je viens pour le gaz
Tu as un boudoir plein de bouddhas
Les bougies dansent dans leurs bougeoirs
Ça sent bon, c'est sans histoire
Ça ruisselle de taffetas
C'est rempli de photos d'toi
Qui sommeillent devant la glace
Tu as un boudoir plein d'bouddhas
Et moi et moi et moi
Je viens pour le gaz

Tu as un vrai divan de roi
Un vrai divan de diva
Du porto qu'tu rapportas
De la Porte des Lilas
T'as un p'tit chien et un grand chat
Un phono qui joue du jazz
Tu as un vrai divan de roi
Et moi et moi et moi
Je viens pour le gaz

Tu as des seins comme des soleils
Comme des fruits, comme des r'posoirs
Tu as des seins comme des miroirs
Comme des fruits, comme du miel
Tu les recouvres, tout devient noir
Tu les découvres et je deviens Pégase
Tu as des seins comme des trottoirs
Et moi et moi et moi
Je viens pour le gaz

Et puis chez toi y a l'plombier
Et y l'bedeau et y a l'facteur
Le docteur qui fait le café
Le notaire qui sert les liqueurs
Y a la moitié d'un artilleur
Y a un poète de Carpentras
Il y a quelques flics
Et puis la main de ma sœur
Et tout ça est là pour le gaz

Allez, allez-y donc tous, rue de la Madone
C'est pas grand, non
Mais y a d'la place
Allez, allez-y donc tous, rue de la Madone
Et dites bien que c'est pour le gaz
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Le lion

Ça fait cinq jours
Ça fait cinq nuits
Qu'au-delà du fleuve qui bouillonne
Appelle, appelle la lionne
Ça fait cinq jours
Ça fait cinq nuits
Qu'en-deçà du fleuve qui bouillonne
Répond le lion à la lionne

Vas-y pas, Gaston
Même si elle te raconte
Que sa mère est gentille
Vas-y pas, Gaston
Même si elle ose te dire
Qu'elle t'aime pour la vie
Même si elle te supplie
De l'amener à la ville
Elle sera ta Manon
Tu s'ras son Des Grieux
Vous serez deux imbéciles

Ça fait dix jours
Ça fait dix nuits
Qu'au-delà du fleuve qui bouillonne
Appelle, appelle la lionne
Ça fait dix jours
Ça fait dix nuits
Qu'en-deçà du fleuve qui bouillonne
Répond le lion à la lionne

Vas-y pas, Gaston
Arrête de remuer la queue
Il faut qu'elle s'impatiente
Fais celui qui a le temps
Celui qui est débordé
Mets-la en liste d'attente
Vas-y pas, Gaston
Un lion doit être vache
Dis-lui qu't'es en plein rush
Souviens-toi d'Paulo
Qui nous disait toujours :
"Too much, c'est too much"

Ça fait vingt jours
Ça fait vingt nuits
Qu'au-delà du fleuve qui bouillonne
Appelle, appelle la lionne
Ça fait vingt jours
Ça fait vingt nuits
Qu'en-deçà du fleuve qui bouillonne
Répond le lion à la lionne

Vas-y pas, Gaston
Même si elle te signale
Qu'il y en a un autre en vue
Un qui est jeune, qui est beau
Qui danse comme un dieu
Qui a de la tenue
Un qui a de la crinière
Qui est très intelligent
Et qui va faire fortune
Un qui est généreux
Un qui que, quand elle veut
Lui offrira la lune

Ça fait une heure et vingt minutes
Qu'au-delà du fleuve qui bouillonne
Appelle, appelle la lionne
Ça fait une heure et vingt minutes
Que dans le fleuve qui bouillonne
Un lion est mort pour une lionne

{Parlé}
Jacques ! Jacques !
Euh oui, oui
Jacques !
C'est… c'est moi qu'on appelle ?
Jacques ! Jacques !
Oui, oui, je suis là, oui
Jacques ! Jacques...
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Le fou du roi

Il était un fou du roi
Qui vivait l'âme sereine
En un château d'autrefois
Pour l'amour d'une reine

{Refrain:}
Et vivent les bossus
Ma mère
Et vivent les pendus
Et vivent les bossus
Ma mère
Et vivent les pendus

Il y eut une grande chasse
Où les nobles deux par deux
Tous les dix mètres s'embrassent
Dans les chemins qu'on dit creux

{au Refrain}

Lorsque le fou vit la reine
Courtisée par un beau comte
Il s'en fut le cœur en peine
Dans un bois pleurer de honte

{au Refrain}

Lorsque trois jours furent passés
Il revint vers le château
Et alla tout raconter
Dans sa tour au roi là-haut

{au Refrain}

Devant tout ce qu'on lui raconte
Tout un jour, le roi a ri
Il fit décorer le comte
Et c'est le fou qu'on pendit

{au Refrain}
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Le moribond

Adieu l'Émile je t'aimais bien
Adieu l'Émile je t'aimais bien, tu sais
On a chanté les mêmes vins
On a chanté les mêmes filles
On a chanté les mêmes chagrins
Adieu l'Émile je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu qu't'es bon comme du pain blanc
Je sais qu'tu prendras soin d'ma femme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou

Adieu Curé je t'aimais bien
Adieu Curé je t'aimais bien, tu sais
On n'était pas du même bord
On n'était pas du même chemin
Mais on cherchait le même port
Adieu Curé je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que t'étais son confident
Je sais qu'tu prendras soin d'ma femme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou

Adieu l'Antoine je t'aimais pas bien
Adieu l'Antoine je t'aimais pas bien, tu sais
J'en crève de crever aujourd'hui
Alors que toi tu es bien vivant
Et même plus solide que l'ennui
Adieu l'Antoine je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que tu étais son amant
Je sais qu'tu prendras soin d'ma femme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou

Adieu ma femme je t'aimais bien
Adieu ma femme je t'aimais bien, tu sais
Mais je prends l'train pour le bon Dieu
Je prends le train qui est avant l'tien
Mais on prend tous le train qu'on peut
Adieu ma femme, je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs les yeux fermés, ma femme
Car vu qu'j'les ai fermés souvent
Je sais qu'tu prendras soin d'mon âme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou
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Qu'avons-nous fait bonnes gens ?

Qu'avons-nous fait bonnes gens, dites-moi,
De la bonté du monde ?
On l'aurait cachée au fond d'un bois
Que ça ne m'étonnerait guère
On l'aurait enfouie dix pieds sous terre
Que ça ne m'étonnerait pas
Et c'est dommage de ne plus voir
A chaque soir, chaque matin
Sur les routes, sur les trottoirs
Une foule de petits Saint-Martin

Qu'avons-nous fait bonnes gens, dites-moi,
De tout l'amour du monde ?
On l'aurait vendu pour je ne sais quoi
Que ça ne m'étonnerait guère
On l'aurait vendu pour faire la guerre
Que ça ne m'étonnerait pas
Mais c'est dommage de ne plus voir
Les amoureux qui ont vingt ans
Se conter mille et une histoires
Ne brûlent plus les feux de la Saint-Jean

Mais nous retrouverons, bonnes gens, croyez-moi,
Toutes ces joies profondes
On les retrouverait au fond de soi
Que ça ne m'étonnerait guère
On les retrouverait sous la poussière
Que ça ne m'étonnerait pas
Et c'est tant mieux
On pourra voir
Enfin d'autres que les fous
Chanter l'amour, chanter l'espoir
Et les chanter avec des mots à vous
Qu'attendons-nous bonnes gens, dites-moi,
Pour retrouver ces choses
Qu'attendons-nous bonnes gens ?
Dites-le-moi
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Quand maman reviendra

Quand ma maman reviendra
C'est mon papa qui sera content
Quand elle reviendra maman
Qui c'est qui sera content c'est moi
Elle reviendra comme chaque fois
A cheval sur un chagrin d'amour
Et pour mieux fêter son retour
Toute la sainte famille sera là
Et elle me rechantera les chansons
Les chansons que j'aimais tellement
On a tellement besoin de chansons
Quand il paraît qu'on a vingt ans

Quand mon frère il reviendra
C'est mon papa qui sera content
Quand il reviendra le Fernand
Qui c'est qui sera content c'est moi
Il reviendra de sa prison
Toujours à cheval sur ses principes
Il reviendra et toute l'équipe
L'accueillera sur le perron
Et il me racontera les histoires
Les histoires que j'aimais tellement
On a tellement besoin d'histoires
Quand il paraît qu'on a vingt ans

Quand ma sœur elle reviendra
C'est mon papa qui sera content
Quand reviendra la fille de maman
Qui c'est qui sera content c'est moi
Elle reviendra de Paris
Sur le cheval d'un prince charmant
Elle reviendra et toute la famille
L'accueillera en pleurant
Et elle me redonnera son sourire
Son sourire que j'aimais tellement
On a tellement besoin de sourires
Quand il paraît qu'on a vingt ans

Quand mon papa reviendra
C'est mon papa qui sera content
Quand il reviendra en gueulant
Qui c'est qui sera content c'est moi
Il reviendra du bistrot du coin
A cheval sur une idée noire
Il reviendra que quand il sera noir
Que quand il en aura besoin
Et il me redonnera des soucis
Des soucis que j'aime pas tellement
Mais il paraît qu'il faut des soucis
Quand il paraît qu'on a vingt ans

Si ma maman revenait
Qu'est-ce qu'il serait content papa
Si ma maman revenait
Qui c'est qui serait content c'est moi
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Saint Pierre

Il y a longtemps de cela
Au fond du ciel, le bon saint Pierre
Comme un collégien se troubla
Pour une étoile au cœur de pierre
Sitôt conquise, elle s'envole
En embrasant de son regard
Le cœur, la barbe et l'auréole
Du bon saint Pierre au désespoir
Qui criait et pleurait
Dans les rues du paradis
Qui criait et pleurait
Tout en se moquant de lui

Effeuillons l'aile d'un ange
Pour voir si elle pense à moi
Effeuillons l'aile d'un ange
Pour voir si elle m'aimera

Saint Pierre alors partit chercher
A cheval sur un beau nuage
Vainement dans la Voie Lactée
Sa jeune étoile au cœur volage
Au paradis, lorsqu'il revint
Devant la porte, il est resté
N'osant montrer tout son chagrin
A ses copains auréolés
Qui criaient et pleuraient
Dans les rues du paradis
Qui criaient et pleuraient
Tout en se moquant de lui

Effeuillons l'aile d'un ange
Pour voir si elle pense à toi
Effeuillons l'aile d'un ange
Pour voir si elle t'aimera

Mais le bon Dieu lui vint en aide
Car les barbus sont syndiqués
Il changea l'étoile en planète
Et fit de saint Pierre un portier
Et de ces anges déplumés
Par les amours du bon saint Pierre
Afin de tout récupérer
Il fit les démons de l'enfer
Ceux qui crient, ceux qui pleurent
A l'heure où naissent les nuits
Ceux qui crient, ceux qui pleurent
Dans un coin de votre esprit

Effeuillons l'aile d'un ange
Pour voir si elle pense à moi
Effeuillons l'aile d'un ange
Pour voir si elle m'aimera
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Sur la place

Sur la place chauffée au soleil
Une fille s'est mise à danser
Elle tourne toujours, pareille
Aux danseuses d'antiquités,
Sur la ville il fait trop chaud
Hommes et femmes sont assoupis
Et regardent par le carreau
Cette fille qui danse à midi

Ainsi certains jours, paraît
Une flamme à nos yeux
A l'église où j'allais
On l'appelait le bon Dieu
L'amoureux l'appelle l'amour
Le mendiant la charité
Le soleil l'appelle le jour
Et le brave homme la bonté

Sur la place vibrante d'air chaud
Où pas même ne paraît un chien
Ondulante comme un roseau
La fille bondit, s'en va, s'en vient
Ni guitare ni tambourin
Pour accompagner sa danse
Elle frappe dans ses mains
Pour se donner la cadence

Ainsi certains jours, paraît
Une flamme à nos yeux
A l'église où j'allais
On l'appelait le bon Dieu
L'amoureux l'appelle l'amour
Le mendiant la charité
Le soleil l'appelle le jour
Et le brave homme la bonté

Sur la place où tout est tranquille
Une fille s'est mise à chanter
Et son chant plane sur la ville
Hymne d'amour et de bonté
Mais sur la ville il fait trop chaud
Et, pour ne point entendre son chant,
Les hommes ferment les carreaux
Comme une porte entre morts et vivants

Ainsi certains jours, paraît
Une flamme en nos cœurs
Mais nous ne voulons jamais
Laisser luire sa lueur
Nous nous bouchons les oreilles
Et nous nous voilons les yeux
Nous n'aimons point les réveils
De notre cœur déjà vieux

Sur la place, un chien hurle encore
Car la fille s'en est allée
Et comme le chien hurlant la mort
Pleurent les hommes leur destinée
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Voir

Voir la rivière gelée
Vouloir être un printemps
Voir la terre brûlée
Et semer en chantant
Voir que l'on a vingt ans
Vouloir les consumer
Voir passer un croquant
Et tenter de l'aimer
Voir une barricade
Et la vouloir défendre
Voir périr l'embuscade
Et puis ne pas se rendre
Voir le gris des faubourgs
Vouloir être Renoir
Voir l'ennemi de toujours
Et fermer sa mémoire

Voir que l'on va vieillir
Et vouloir commencer
Voir un amour fleurir
Et s'y vouloir brûler
Voir la peur inutile
La laisser aux crapauds
Voir que l'on est fragile
Et chanter à nouveau
Voilà ce que je vois
Voilà ce que je veux
Depuis que je te vois
Depuis que je te veux
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Voir un ami pleurer

Bien sûr, il y a les guerres d'Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr, tout ce manque de tendre
Et il n'y a plus d'Amérique
Bien sûr, l'argent n'a pas d'odeur
Mais pas d'odeur vous monte au nez
Bien sûr, on marche sur les fleurs
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, il y a nos défaites
Et puis la mort qui est tout au bout
Nos corps inclinent déjà la tête
Étonnés d'être encore debout
Bien sûr, les femmes infidèles
Et les oiseaux assassinés
Bien sûr, nos cœurs perdent leurs ailes
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, ces villes épuisées
Par ces enfants de cinquante ans
Notre impuissance à les aider
Et nos amours qui ont mal aux dents
Bien sûr, le temps qui va trop vite
Ces métro remplis de noyés
La vérité qui nous évite
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, nos miroirs sont intègres
Ni le courage d'être juif
Ni l'élégance d'être nègre
On se croit mèche, on n'est que suif
Et tous ces hommes qui sont nos frères
Tellement qu'on n'est plus étonné
Que, par amour, ils nous lacèrent
Mais, mais voir un ami pleurer !
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Voici
Qu'un ciel penche ses nuages
Sur ces chemins d'Italie
Pour amoureux sans bagages
Voici

Des coteaux en ribambelles
Pour enrubanner nos vies
De vins clairs de fleurs nouvelles
Voici

Des cloches sonnant la fête
Des fêtes pour que l'on rie
Des rires que rien n'arrête
Voici

Des amours en robe blanche
Moitié fleur et moitié fruit
Que nous jalousent les anges
Voici

Des échos qui font la chaîne
Pur porter à l'infini
Nos "toujours" et nos "je t'aime"
Voici

Des promesse de Saint-Jean
De Saint-Jean qui durent la vie
Des vies qu'épargne le temps
Voici

Certains sourires de nos pères
Que l'on recherche la nuit
Pour mieux calmer sa colère
Voici

Qu'au carrefour des amitiés
La douleur s'évanouit
Broyée par nos mains serrées
Voici

Qu'en nos faubourgs délavés
Des prêtres en litanies
Sont devenus ouvriers
Voici

Des mains ridées de courage
Qui caressent l'établi
D'où jaillit la belle ouvrage
Voici

Ces fleurs poussant en pagaille
Entre nous et l'ennemi
Pour empêcher la bataille
Voici
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Heureux

Heureux qui chante pour l'enfant
Et qui sans jamais rien lui dire
Le guide au chemin triomphant
Heureux qui chante pour l'enfant
Heureux qui sanglote de joie
Pour s'être enfin donné d'amour
Ou pour un baiser que l'on boit
Heureux qui sanglote de joie

Heureux les amants séparés
Et qui ne savent pas encor'
Qu'ils vont demain se retrouver
Heureux les amants séparés
Heureux les amants épargnés
Et dont la force de vingt ans
Ne sert à rien qu'à bien s'aimer
Heureux les amants épargnés

Heureux les amants que nous sommes
Et qui demain loin l'un de l'autre
S'aimeront s'aimeront
Par-dessus les hommes
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Il nous faut regarder

Derrière la saleté
S'étalant devant nous
Derrière les yeux plissés
Et les visages mous
Au-delà de ces mains
Ouvertes ou fermées
Qui se tendent en vain
Ou qui sont poing levé
Plus loin que les frontières
Qui sont de barbelés
Plus loin que la misère
Il nous faut regarder

Il nous faut regarder
Ce qu'il y a de beau
Le ciel gris ou bleuté
Les filles au bord de l'eau
{x2}
L'ami qu'on sait fidèle
Le soleil de demain
Le vol d'une hirondelle
Le bateau qui revient

Par-delà le concert
Des sanglots et des pleurs
Et des cris de colère
Des hommes qui ont peur
Par-delà le vacarme
Des rues et des chantiers
Des sirènes d'alarme
Des jurons de charretier
Plus fort que les enfants
Qui racontent les guerres
Et plus fort que les grands
Qui nous les ont fait faire

Il nous faut écouter
L'oiseau au fond des bois
Le murmure de l'été
Le sang qui monte en soi
{x2}
Les berceuses des mères
Les prières des enfants
Et le bruit de la terre
Qui s'endort doucement
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Il peut pleuvoir

{Refrain:}
Il peut pleuvoir
Sur les trottoirs
Des grands boulevards
Moi je m'en fiche
J'ai ma mie
Auprès de moi
Il peut pleuvoir
Sur les trottoirs
Des grands boulevards
Moi je m'en fiche
Car ma mie
C'est toi

Et au soleil là-haut
Qui nous tourne le dos
Dans son halo de nuages
Et au soleil là-haut
Qui nous tourne le dos
Moi je crie : "Bon voyage !"

{au Refrain}

Les flaques d'eau qui brillent
Sous les jambes des filles
Aux néons étincelants
Qui lancent dans la vie
Leur postillons de pluie
Je crie en rigolant :

{au Refrain}

Et aux gens qui s'en viennent
Et aux gens qui s'en vont
Jour et nuit tournez en rond
Et aux gens qui s'en viennent
Et aux gens qui s'en vont
Moi je crie à pleins poumons :

Y a plein d'espoir
Sur les trottoirs
Des grands boulevards
Et j'en suis riche
J'ai ma mie
Auprès de moi
Y a plein d'espoir
Sur les trottoirs
Des grands boulevards
Et j'en suis riche
Car ma mie
C'est toi
C'est toi !
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Il pleut (Les carreaux)

Il pleut
C'est pas ma faute à moi
Les carreaux de l’usine
Sont toujours mal lavés
Il pleut
Les carreaux de l’usine
Y en beaucoup d'cassés

Les filles qui vont danser
Ne me regardent pas
Car elles s'en vont danser
Avec tous ceux-là
Qui savent leur payer
Pour pouvoir s'amuser
Des fleurs de papier
Ou de l'eau parfumée
Les filles qui vont danser
Ne me regardent pas
Car elles s'en vont danser
Avec tous ceux-là

Il pleut
C'est pas ma faute à moi
Les carreaux de l’usine
Sont toujours mal lavés
Les corridors crasseux
Sont les seuls que je vois
Les escaliers qui montent
Ils sont toujours pour moi
Mais quand je suis
Seul sous les toits
Avec le soleil
Avec les nuages
J'entends la rue pleurer
Je vois les cheminées
De la ville fumer
Doucement dans mon ciel à moi
La lune danse
Pour moi le soir
Elle danse danse
Elle danse danse
Et son haleine
Immense halo, me caresse
Le ciel est pour moi
Je m'y plonge le soir
Et j'y plonge ma peine

Il pleut
Et c'est ma faute à moi
Les carreaux de l’usine
Sont toujours mal lavés
Il pleut
Les carreaux de l’usine
Moi j'irai les casser
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Vivre debout

Voilà que l'on se cache
Quand se lève le vent
De peur qu'il ne nous pousse
Vers des combats trop rudes
Voilà que l'on se cache
Dans chaque amour naissant
Qui nous dit après l'autre
Je suis la certitude
Voilà que l'on se cache
Que notre ombre un instant
Pour mieux fuir l'inquiétude
Soit l'ombre d'un enfant
L'ombre des habitudes
Qu'on a plantées en nous
Quand nous avions vingt ans

Serait-il impossible de vivre debout

Voilà qu'on s'agenouille
D'être à moitié tombé
Sous l'incroyable poids
De nos croix illusoires
Voilà qu'on s'agenouille
Et déjà retombé
Pour avoir été grand
L'espace d'un miroir
Voilà qu'on s'agenouille
Alors que notre espoir
Se réduit à prier
Alors qu'il est trop tard
Qu'on ne peut plus gagner
A tous ces rendez-vous
Que nous avons manqués

Serait-il impossible de vivre debout

Voilà que l'on se couche
Pour la moindre amourette
Pour la moindre fleurette
A qui l'on dit toujours
Voilà que l'on se couche
Pour mieux perdre la tête
Pour mieux brûler l'ennui
A des reflets d'amour
Voilà que l'on se couche
De l'envie qui s'arrête
De prolonger le jour
Pour mieux faire notre cour
A la mort qui s'apprête
Pour être jusqu'au bout
Notre propre défaite

Serait-il impossible de vivre debout
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Grand Jacques (C'est trop facile)

C'est trop facile d'entrer aux églises
De déverser toutes sa saleté
Face au curé qui dans la lumière grise
Ferme les yeux pour mieux nous pardonner

Tais-toi donc Grand Jacques
Que connais-tu du bon Dieu ?
Un cantique une image
Tu n'en connais rien de mieux

C'est trop facile quand les guerres sont finies
D'aller gueuler que c'était la dernière
Amis bourgeois vous me faites envie
Vous ne voyez donc point vos cimetières

Tais-toi donc Grand Jacques
Laisse-les donc crier
Laisse-les pleurer de joie
Toi qui ne fus même pas soldat

C'est trop facile quand un amour se meurt
Qu'il craque en deux parce qu'on l'a trop plié
D'aller pleurer comme les hommes pleurent
Comme si l'amour durait l'éternité

Tais-toi donc Grand Jacques
Que connais-tu de l'amour ?
Des yeux bleus des cheveux fous
Tu n'en connais rien du tout

Et dis-toi donc Grand Jacques {2x}
Dis-le-toi bien souvent
C’est trop facile
C’est trop facile
De faire semblant
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Fils de ...

Fils de bourgeois
Ou fils d'apôtres
Tous les enfants
Sont comme les vôtres
Fils de César
Ou fils de rien
Tous les enfants
Sont comme le tien
Le même sourire
Les mêmes larmes
Les mêmes alarmes
Les mêmes soupirs
Fils de César
Ou fils de rien
Tous les enfants
Sont comme le tien
Ce n'est qu'après
Longtemps après

Mais fils de sultan
Fils de fakir
Tous les enfants
Ont un empire
Sous voûtes d'or
Sous toit de chaumes
Tous les enfants
Ont un royaume
Un coin de vague
Une fleur qui tremble
Un oiseau mort
Qui leur ressemble
Fils de sultan
Fils de fakir
Tous les enfants
Ont un empire
Ce n'est qu'après
Longtemps après

Mais fils de ton fils
Ou fils d'étranger
Tous les enfants
Sont des sorciers
Fils de l'amour
Fils d'amourettes
Tous les enfants
Sont des poètes
Ils sont bergers
Ils sont rois mages
Font des nuages
Pour mieux voler
Mais fils de ton fils
Ou fils d'étranger
Tous les enfants
Sont des sorciers
Ce n'est qu'après
Longtemps après

Mais fils de bourgeois
Ou fils d'apôtres
Tous les enfants
Sont comme les vôtres
Fils de César
Ou fils de rien
Tous les enfants
Sont comme le tien
Le même sourire
Les mêmes larmes
Les mêmes alarmes
Les mêmes soupirs
Fils de César
Ou fils de rien
Tous les enfants
Sont comme le tien
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Fernand

Dire que Fernand est mort
Dire qu'il est mort Fernand
Dire que je suis seul derrière
Dire qu'il est seul devant
Lui dans sa dernière bière
Moi dans mon brouillard
Lui dans son corbillard
Moi dans mon désert
Devant y a qu'un cheval blanc
Derrière y a que moi qui pleure
Dire qu'a même pas de vent
Pour agiter mes fleurs
Moi si j'étais l'bon Dieu
Je crois qu'j'aurais des r'mords
Dire que maintenant il pleut
Dire que Fernand est mort

Dire qu'on traverse Paris
Dans le tout p'tit matin
Dire qu'on traverse Paris
Et qu'on dirait Berlin
Toi, toi, toi tu sais pas
Tu dors mais c'est triste à mourir
D'être obligé d'partir
Quand Paris dort encore
Moi je crève d'envie
De réveiller des gens
J't'inventerai une famille
Juste pour ton enterrement
Et puis si j'étais l'bon Dieu
Je crois qu'je serais pas fier
Je sais, on fait c'qu'on peut
Mais y a la manière

Tu sais, je reviendrai
Je reviendrai souvent
Dans ce putain de champ
Où tu dois t'reposer
L'été, j'te f'rai de l'ombre
On boira du silence
A la santé d'Constance
Qui s'en fout bien d'ton ombre
Et puis les adultes sont tellement cons
Qu'ils nous feront bien une guerre
Alors je viendrai pour de bon
Dormir dans ton cimetière
Et maintenant bon Dieu
Tu vas bien rigoler
Et maintenant bon Dieu
Et maintenant j'vais pleurer
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Dors ma mie

Dors ma mie
Dehors la nuit est noire
Dors ma mie bonsoir
Dors ma mie
C'est notre dernier soir
Dors ma mie bonsoir
Sur les fleurs qui ferment leurs paupières
Pleure la pluie légère
Et l'oiseau qui chantera l'aurore
Dors et rêve encor'

Ainsi demain déjà
Serai seul à nouveau
Et tu m'auras perdu
Rien qu'en me voulant trop
Tu m'auras gaspillé
A te vouloir bâtir
Un bonheur éternel
Ennuyeux à périr
Au lieu de te pencher
Vers moi tout simplement
Moi qui avais besoin
Si fort de ton printemps
Non les filles que l'on aime
Ne comprendront jamais
Qu'elles sont à chaque fois
Notre dernier muguet
Notre dernière chance
Notre dernier sursaut
Notre dernier départ notre dernier bateau
Dors ma mie
Dehors la nuit est noire
Dors ma mie bonsoir
Dors ma mie c'est notre dernier soir
Dors ma mie je pars
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Comment tuer l'amant de sa femme ...

Comment tuer l'amant de sa femme
Quand on a été comme moi élevé
Dans les traditions?
Comment tuer l'amant de sa femme
Quand on a été comme moi élevé
Dans la religion ?
Il me faudrait du temps
Et du temps j'en ai pas.
Pour elle je travaille tout l'temps
La nuit je veille de nuit
Le jour je veille de jour
Le dimanche je fais des extras.
Et même si j'étais moins lâche
Je touve que ce serait dommage
De salir ma réputation.
Bien sûr je dors dans le garage.
Bien sûr il dort dans mon lit.
Bien sûr c'est moi qui fait l'ménage.
Mais qui n'a pas ses p'tits soucis ?

Comment tuer l'amant de sa femme
Quand on a été comme moi élevé
Dans les traditions ?
Il y a l'arsenic, ouais
C'est trop long.
Il y a le révolver
Mais c'est trop court.
Il y a l'amitié
C'est trop cher.
Il y a le mépris
C'est un péché.
Comment tuer l'amant d'sa femme
Quand on a reçu comme moi
La croix d'honneur
Chez les bonnes sœurs ?
Comment tuer l'amant d'sa femme
Moi qui n'ose même pas
Le lui dire avec des fleurs ?
Comme je n'ai pas l'courage
De l'insulter tout l'temps
Il dit que l'amour me rend lâche.
Comme il est en chômage
Il dit en me frappant
Que l'amour le rend imprévoyant.
Il croit que c'est amusant
Pour un homme qui a mon âge
Qui n'a plus de femme et onze enfants.
Bien sûr je leur fais la cuisine
Je bats les chiens et les tapis
Le soir je leur chante "Nuit de Chine".
Mais qui n'a pas ses p'tits soucis ?

Pourquoi tuer l'amant d'sa femme
Puisque c'est à cause de moi
Qu'il est un peu vérolé ?
Pourquoi tuer l'amant d'ma femme
Puisque c'est à cause de moi
Qu'il est pénicilliné ?
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Ce qu'il vous faut

Album: Chansons ou versions inédites de jeunesse
Ce qu'il nous faut mais c'est de l'amour
L'amour qui vient embraser nos cœurs
Ce qu'il nous faut, c'est un peu d' bonheur
Afin d' pouvoir conserver nos amours

Ce qu'il nous faut, il nous faut rêver
Aller joyeux vers les lendemains
Ce qu'il nous faut, c'est prendre une main
Afin qu'à deux nous puissions rêver

Ah, vous ! Jeunesse folle
Qui jouez aux jeux de l'ennui
Passé est le temps de l'école
Écoutez ma philosophie

Ce qu'il nous faut, ce sont des chansons
Que le matin mettra sur nos lèvres
Ce qu'il nous faut quand le jour se lève
C'est que nos lèvres aient déjà leurs chansons

Ce qu'il nous faut mais ce sont des rues
Pleines de cris, de rires d'enfants
Ce qu'il nous faut, c'est un bout d' printemps
Dont on ira pavoiser les rues

Ah, vous ! Gens raisonnables
Que la raison a fatigués
Fatiguez-vous à être aimables
Et laissez-moi vous expliquer

Ce qu'il vous faut, il faut être fou
Fou de la vie, fou de ses chemins
Ce qu'il vous faut : ne penser à rien
Afin d' pouvoir jour et nuit rester fou

Ce qu'il vous faut, ce sont des maisons
Faites de joie, faites de soleil
Ce qu'il nous faut, ce sont des merveilles
Que l'on mettra dedans les maisons

Ah, vous ! Mademoiselle,
Si vos yeux bleus deviennent gris
Et s'ils ne voient plus d'hirondelles
C'est qu'on ne vous a jamais dit

Ce qu'il nous faut mais c'est de l'amour
L'amour qui vient embraser nos cœurs
Ce qu'il nous faut, c'est un peu d' bonheur
Afin d' pouvoir conserver nos amours

Ce qu'il nous faut, il nous faut rêver
Aller joyeux vers les lendemains
Ce qu'il vous faut, c'est prendre ma main
Afin qu'à deux nous puissions rêver
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Chanson sans paroles

J'aurais aimé ma belle
T'écrire une chanson
Sur cette mélodie
Rencontrée une nuit
J'aurais aimé ma belle
Rien qu'au point d'Alençon
T'écrire un long poème
T'écrire un long "je t'aime"

Je t'aurais dit "amour"
Je t'aurais dit "toujours"
Mais de mille façons
Mais par mille détours
Je t'aurais dit "partons"
Je t'aurais dit "brûlons
Brûlons de jour en jour
De saisons en saisons"

Mais le temps que s'allume
L'idée sur le papier
Le temps de prendre une plume
Le temps de la tailler
Mais le temps de me dire :
"Comment vais-je l'écrire ?"
Et le temps est venu
Où tu ne m'aimais plus
{2x}
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Ces gens-là

D’abord, d’abord, y a l’aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qu'y boit
Tellement qu'il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui s'prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu'on retrouve matin
Dans l'église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l'œil qui divague
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas, Monsieur
On ne pense pas, on prie

Et puis, y a l'autre
Des carottes dans les cheveux
Qu'a jamais vu un peigne
Qu'est méchant comme une teigne
Même qu'il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d'une autre ville
Et que c'est pas fini
Qui fait ses p'tites affaires
Avec son p'tit chapeau
Avec son p'tit manteau
Avec sa p'tite auto
Qu'aimerait bien avoir l'air
Mais qui a pas l'air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n'a pas le sou
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n'vit pas, Monsieur
On n'vit pas, on triche

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n'importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d'apôtre
Et dans son cadre en bois
Y a la moustache du père
Qui est mort d'une glissade
Et qui r'garde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands flchss
Et ça fait des grands flchss
Et puis y a la toute vieille
Qu'en finit pas d'vibrer
Et qu'on attend qu'elle crève
Vu qu'c'est elle qu'a l'oseille
Et qu'on n'écoute même pas
C'que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n'cause pas, Monsieur
On n'cause pas, on compte

Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m'aime pareil
Que moi j'aime Frida
Même qu'on se dit souvent
Qu'on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu'on vivra dedans
Et qu'il fera bon y être
Et que si c'est pas sûr
C'est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu'elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J'ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j'ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c'est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu'elle partira
Elle dit qu'elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois, Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur, on ne s'en va pas
On ne s'en va pas, Monsieur
On ne s'en va pas
Mais il est tard, Monsieur
Il faut que je rentre chez moi.
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Avec élégance

Se sentir quelque peu Romain
Mais au temps de la décadence
Gratter sa mémoire à deux mains
Ne plus parler qu'à son silence
Et
Ne plus vouloir se faire aimer
Pour cause de trop peu d'importance
Etre désespéré
Mais avec élégance

Sentir la pente plus glissante
Qu'au temps où le corps était mince
Lire dans les yeux des ravissantes
Que cinquante ans, c'est la province
Et
Brûler sa jeunesse mourante
Mais faire celui qui s'en dispense
Etre désespéré
Mais avec élégance

Sortir pour traverser des bars
Où l'on est chaque fois le plus vieux
Y éclabousser de pourboires
Quelques barmans silencieux
Et
Grignoter des banalités
Avec des vieilles en puissance
Etre désespéré
Mais avec élégance

Savoir qu'on a toujours eu peur
Savoir son poids de lâcheté
Pouvoir se passer de bonheur
Savoir ne plus se pardonner
Et
N'avoir plus grand-chose à rêver
Mais écouter son cœur qui danse
Etre désespéré
Mais avec espérance
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Au suivant

Tout nu dans ma serviette qui me servait de pagne
J'avais le rouge au front et le savon à la main
Au suivant, au suivant
J'avais juste vingt ans et nous étions cent vingt
A être le suivant de celui qu'on suivait
Au suivant, au suivant
J'avais juste vingt ans et je me déniaisais
Au bordel ambulant d'une armée en campagne
Au suivant, au suivant

Moi j'aurais bien aimé un peu plus de tendresse
Ou alors un sourire ou bien avoir le temps
Mais au suivant, au suivant
Ce n'fut pas Waterloo mais ce n'fut pas Arcole
Ce fut l'heure où l'on r'grette d'avoir manqué l'école
Au suivant, au suivant
Mais je jure que d'entendre cet adjudant d'mes fesses
C'est des coups à vous faire des armées d'impuissants
Au suivant, au suivant

Je jure sur la tête de ma première vérole
Que cette voix depuis je l'entends tout le temps
Au suivant, au suivant
Cette voix qui sentait l'ail et le mauvais alcool
C'est la voix des nations et c'est la voix du sang
Au suivant, au suivant
Et depuis chaque femme à l'heure de succomber
Entre mes bras trop maigres semble me murmurer :
"Au suivant, au suivant"

Tous les suivants du monde devraient s'donner la main
Voilà ce que la nuit je crie dans mon délire
Au suivant, au suivant
Et quand je n'délire pas, j'en arrive à me dire
Qu'il est plus humiliant d'être suivi que suivant
Au suivant, au suivant
Un jour je m'f'rai cul-de-jatte ou bonne sœur ou pendu
Enfin un d'ces machins où je n's'rai jamais plus
Le suivant, le suivant
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